A la ferme autrefois – Vie quotidienne

Témoignages recueillis:

« Il y avait à l’époque (après la guerre 39/45), sept exploitations plus ou moins grosses , qu’on pouvait appeler des fermes .
Aujourd’hui,il n’y en a plus qu’une grosse . C’est comme partout! »

L’élevage :

« On élevait des vaches . Le lait était  vendu sur place , à la casserole ou au « pot de camp ». On vendait aussi de la crème qu’on obtenait avec une écrémeuse, à main au début, puis avec une à moteur électrique par la suite »

« On faisait du beurre. On avait un baratte à manivelle. Je montais dessus dessus pour la caler : ça faisait comme un manège »

autre témoin:

 « On avait 14 vaches laitières . On élevait les veaux pour la reproduction ou la viande . On faisait des échanges avec un marchand de bestiaux pour renouveler la race.
Chaque cultivateur avait son taureau pour la reproduction » .  
   
Cultures principales :

« On semait des céréales : blé (d’hiver et de printemps) orge (d’hiver et de printemps , avoine blanche et noire pour les chevaux (picotin), du seigle  pour la pâtée des cochons (avec des résidus de paille du battage ). On donnait aussi de cette pâtée aux vaches laitières, en la mélangeant aux betteraves, pour améliorer la production de lait.

-On cultivait beaucoup de betteraves fourragères pour les vaches et on leur donnait aussi des rutabagas . J’en mangeais une rondelle de temps en temps »

Les travaux de la ferme

La moisson :

« On dégageait déjà , à la faux , un passage  pour les chevaux  dans les épis  pour éviter le piétinement. On utilisait une moissonneuse – lieuse , tirée par des chevaux, qui fauchait les épis et les liait en gerbes que l’on mettait en tas de 4 (tréseaux), les grains vers le haut pour qu’ils sèchent bien.

On les chargeait ensuite, à la fourche, sur la charrette

« Il fallait bien équilibrer la charge car il y avait souvent de grosses ornières dans les chemins des champs . On risquait de « culbuter » . On ramenait les gerbes à la ferme pour le battage. » nous dit une autre.

Le battage des céréales

« Il se faisait avec une batteuse (voir dessin)  en hiver ,  quand il y avait moins de travail aux champs . Une personne coupait le lien. Au début, on la prenait par brassées et on la passait dans une botteleuse qui rassemblait les épis ; il fallait encore les lier avec un lien en paille de seigle à la sortie de la machine . On lui  a rapidement ajouté un ficelage automatique . Dans la ferme  GERMAIN , la batteuse ficelait automatiquement et évacuait les bottes sur un petit pont roulant à griffes . Le battage se faisait  sous notre grange ouverte . Beaucoup de poussière et de bruit »
 Autre témoin :
« Notre batteuse fonctionnait avec un gros moteur électrique . Il entraînait une courroie dangereuse qui faisait tourner la batteuse »
 
La fenaison:
« Une faucheuse , tirée par deux chevaux, coupait le foin . On le retournait à la fourche pour le faire sécher, puis on le mettait en petits tas les « fourchées » qu’on ramassait le lendemain matin , quand l’humidité de la nuit avait tassé le foin (plus facile à prendre à la fourche) . On lançait la fourchée sur la charrette où une personne l’arrangeait pour que ça tienne . On rangeait le foin  à l’abri , en énorme tas pour la nourriture des bêtes l’hiver, au début  à la fourche,  puis avec un « turbo » qui envoyait avec une soufflerie , le foin directement au grenier  (on pouvait même orienter la sortie du foin pour bien le répartir) .
On eu par la suite , un râteau -faneur pour retourner le foin  à la place des fourches »

Les semailles
« Juste après la guerre , j’ai vu mon père qui semait à la main .

Il portait , à cheval sur son épaule , un sac coupé en deux , avec des semences dans les deux moitiés . A chaque pas, il lançait une poignée de graines, à la volée, le  plus régulièrement possible. Moi je passais derrière avec la herse tirée par un cheval, pour enterrer les semences, garder l’humidité et enfoncer les pierres »

Un système particulier décrit par un autre témoin : 
« A la ferme du Germain , il y avait un « manège » dans la grange route nationale et aussi un autre dans la cour de la ferme sous l’auvent côté Marbache .
Il y avait une charpente en bois sur pivot avec des poutres et une attache pour le cheval ,( le « moteur » ), qui tournait en rond inlassablement . Il était muni d’œillères .
Le système pouvait accueillir une scie ou un broyeur à grain . A mon époque ,c’était une vieille jument , un ancien cheval de mine ,  qui tournait tranquillement à un rythme régulier .
L’installation fonctionnait surtout l’hiver,  quand il faisait mauvais »