Un cimetière militaire à Belleville

Avec la présence d’un hôpital militaire sur son sol et le grand nombre de soldats qui y décédaient suite aux combats du Bois-le-Prêtre (voit article précédent: un hôpital militaire à Belleville), la création d’un cimetière militaire s’imposait. Le cimetière civil étant à la limite de ses capacités, il fallut avoir recours aux terrains adjacents et les premières inhumations se firent dans l’urgence. L’année 1915 fut particulièrement meurtrière: 57 décès en trois mois (mai, juin, juillet) à l’ambulance 3/64 de Belleville et cela continua jusqu’au départ de celle-ci le 4 juin 1916. Ces soldats appartenaient à différents régiments venant de toutes les régions de France mais aussi d’Indochine du Maroc et d’Algérie; ce qui explique que le cimetière possédait un carré musulman où étaient enterrés 21 soldats; dans un autre carré reposaient 6 soldats allemands dont au moins un avait été soigné à l’hôpital de Belleville; 2 aviateurs abattus au-dessus de Millery figuraient parmi eux (voir livret 7, parution début novembre).

Le cimetière fut ensuite accrédité et la commune reçut des subventions, un emploi de gardien du cimetière de guerre fut même créé en 1921 et cette même année le conseil municipal dut se prononcer sur sa création définitive. Finalement, le projet ne fut pas retenu, cette création n’étant possible qu’à partir de 500 tombes (434 à Belleville).

Alors commença une période très douloureuse pour les familles qui durent faire procéder à l’exhumation des corps de leurs défunts (de 1921 à 1924). Certaines d’entre elles auraient préféré que leur soit épargnée cette dernière épreuve; en plus de la peine, elles étaient souvent confrontées à des problèmes matériels que l’on a du mal à se représenter aujourd’hui. Elles s’adressaient donc systématiquement au maire qui avait fort à faire pour honorer la diversité des demandes très émouvantes qui lui étaient adressées (voir lettres, livret 7).

 

Cet article est paru dans l’Est républicain du 3 novembre 2018